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Destel Elena france
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Is there light somewhere?
Errance dans le darkwood.
“ Partager un long moment en silence avec un inconnu, se regarder en profondeur, se sourire. On sait qu'il n'y a rien à dire. Et c'est très bien comme ça.
Se prendre dans les bras, pleurer, comprendre qu'il n'y a rien à comprendre, qu'il faut retrouver la confiance, et laisser aller. Prendre une image, machinalement, pour imprimer la sensation et maintenir la pudeur. Par habitude. Puis revenir aux sensations, aussi vite que je déclenche.
Malgré tout, je m'étonne de ne pas perdre cet instinct de photographier, de me relier. Etrangement, je vois des choses inertes, des choses qui flottent, du vide. C’est nouveau, ce vide.
Pleurer, parce qu'on ne sait plus comment faire, ni pourquoi on le fait. J’ai perdu le sens et le goût des choses. J’ai plus de jus. Pourtant, à l'intérieur, ça bouillonne toujours. Ne pas pouvoir crier m'empêche, et m'englue. Mais je la sens, la rage. Elle attend à la porte.
Marcher un peu, retrouver la nécessité de manger. Retrouver les sensations dans les pieds. Regarder la mer. Observer les autres et en silence, ne faire que ça : se reconnecter, patiemment. A soi, et aux choses qui flottent. “
Thaïlande, Mars 2017.
Photographier c’est mettre la douleur à distance, c’est se laisser traverser pour ne plus penser. Photographier comme un réflexe de protection. Je prends du recul. Sur ce que je vis, seule et au milieu des autres, sur ce qu’on est, ensemble. Prendre une respiration et le temps d’une session je suis présente et je tente de comprendre ce qui se joue dans l’instant, avec chacun.
Je ne sait pas trop pourquoi je fais ça. Figer en image m’aide à apprivoiser les choses qui me dépassent. L’appareil photo comme une barrière émotionnelle, qui filtre quand c’est dur d'être nue et vulnérable. Je me mets en première ligne pour m’en échapper. Je me déshabille avant qu’on me le demande, et j’enregistre, frénétiquement. J’accepte de laisser exister ses compulsions qui me font archiver, détricoter ce que je vois à travers ce que je ressens. Toutes ces sensations, ces personnes et ces instants qui m’échappent et que j’aimerais rattraper.
Je fouille en moi à travers les autres. J’essaye de m’affranchir de son histoire familiale, d’adoucir ma relation à un corps engourdi, je m’alléger. Je me nettoie, machinalement.
Je veux questionner mon rapport aux autres, à la sexualité, à la dépendance affective, à la solitude, à l’absence. Comme un besoin instinctif de faire corps, je photographie mes sensations pour mieux les vivre, et j’en fais des images pour mieux les accepter. “
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Y a-t-il un peu de lumière, quelque part ?Errance dans le darkwood.
“ Partager un long moment en silence avec un inconnu, se regarder en profondeur, se sourire. On sait qu'il n'y a rien à dire. Et c'est très bien comme ça.
Se prendre dans les bras, pleurer, comprendre qu'il n'y a rien à comprendre, qu'il faut retrouver la confiance, et laisser aller. Prendre une image, machinalement, pour imprimer la sensation et maintenir la pudeur. Par habitude. Puis revenir aux sensations, aussi vite que je déclenche.
Malgré tout, je m'étonne de ne pas perdre cet instinct de photographier, de me relier. Etrangement, je vois des choses inertes, des choses qui flottent, du vide. C’est nouveau, ce vide.
Pleurer, parce qu'on ne sait plus comment faire, ni pourquoi on le fait. J’ai perdu le sens et le goût des choses. J’ai plus de jus. Pourtant, à l'intérieur, ça bouillonne toujours. Ne pas pouvoir crier m'empêche, et m'englue. Mais je la sens, la rage. Elle attend à la porte.
Marcher un peu, retrouver la nécessité de manger. Retrouver les sensations dans les pieds. Regarder la mer. Observer les autres et en silence, ne faire que ça : se reconnecter, patiemment. A soi, et aux choses qui flottent. “
Thaïlande, Mars 2017.
about the photographer
“ Je vis ma photographie comme un besoin primaire d’expression.Photographier c’est mettre la douleur à distance, c’est se laisser traverser pour ne plus penser. Photographier comme un réflexe de protection. Je prends du recul. Sur ce que je vis, seule et au milieu des autres, sur ce qu’on est, ensemble. Prendre une respiration et le temps d’une session je suis présente et je tente de comprendre ce qui se joue dans l’instant, avec chacun.
Je ne sait pas trop pourquoi je fais ça. Figer en image m’aide à apprivoiser les choses qui me dépassent. L’appareil photo comme une barrière émotionnelle, qui filtre quand c’est dur d'être nue et vulnérable. Je me mets en première ligne pour m’en échapper. Je me déshabille avant qu’on me le demande, et j’enregistre, frénétiquement. J’accepte de laisser exister ses compulsions qui me font archiver, détricoter ce que je vois à travers ce que je ressens. Toutes ces sensations, ces personnes et ces instants qui m’échappent et que j’aimerais rattraper.
Je fouille en moi à travers les autres. J’essaye de m’affranchir de son histoire familiale, d’adoucir ma relation à un corps engourdi, je m’alléger. Je me nettoie, machinalement.
Je veux questionner mon rapport aux autres, à la sexualité, à la dépendance affective, à la solitude, à l’absence. Comme un besoin instinctif de faire corps, je photographie mes sensations pour mieux les vivre, et j’en fais des images pour mieux les accepter. “
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